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Vincent

Batman Arkham Asylum

Dernière mise à jour : 29 mars 2020


Oh Batman, mon Batman ...


Je préfère vous prévenir dès maintenant, même si je pense que ça transpire dans ce titre. Batman est mon héros, celui pour qui je me levais tous les dimanche matin en me dépêchant de préparer mon bol de céréales allumant France 3 en même temps. Celui qui m’a fait surmonter mon opération des amygdales parce que mes parents m’avaient offert la figurine de Killer Croc et que mon Batman allait enfin avoir un adversaire autre que les Power Rangers. Je pourrais en dire tellement sur lui mais j’aurai peur de faire bugger le serveur devant une telle quantité de lignes. Sachez juste qu’il m’a accompagné quasiment toute ma vie, indéfectiblement.




La renaissance de DC Comics

La fin des années 1980 sonne la révolution chez DC Comics. Frank Miller créé un cataclysme en 1986 en sortant Batman : The Dark Returns puis quelques mois plus tard, en collaboration avec David Mazzucchelli, sort Batman Year One. Batman rentre dans une nouvelle dimension, sans renier certains récits parus auparavant, ces 2 récits sont l’acte de naissance de Batman : le Batman moderne était là. Sachez-le au cas où, ces deux œuvres sont des lectures obligatoires pour tous ceux qui veulent tenter l’aventure Batman en comics (si quelqu’un me parle de Batman Métal , je le maudirais à jamais ! A vos risques et périls). Sans ces 2 titres et l’ascension d’un certain Alan Moore, toute l’industrie du comics jusqu’à notre époque actuelle serait probablement bien différente. Vous l’avez compris : IL FAUT LES LIRE !



Une magnifique réunion


Durant cette époque radieuse, DC s’en est allée à chercher des talents hors des Etats-Unis et plus particulièrement au Royaume-Uni. Parmi eux, Grant Morrison, illustre scénariste qui « tua » Bruce Wayne pour le remplacer par Dick Grayson et introduisant Damian Wayne à la fin de des années 2000 et Dave McKean, connu notamment pour ses couvertures de Sandman et ses diverses collaborations avec Neil Gaiman. La réunion de ses deux grands talents en devenir va donner l’album le plus horrifiquement glauque de Batman qui sortira fin 1989 (quelle belle époque) : Batman Arkham Asylum.


Réunion dantesque


Batman se retrouve piégé par le Joker qui lui laisse 2 choix. Soit tous les fous d’Arkham sont libres soit il doit s’introduire dans l’Asile. La narration a une double temporalité, Batman qui doit affronter ses/ces démons et l’histoire d’Amadeus Arkham, fondateur de cet asile. Dans l’une comme dans l’autre, un dénominateur commun : la folie. Je préfère prévenir, l’action n’est pas ce qui prime dans cette œuvre. Pour autant, malgré qu’elle soit parcimonieuse, elle est extrêmement violente avec en point d’orgue l’affrontement avec Croc.

Morrison et McKean nous offrent un chef d’œuvre de mise en scène et la caractérisation des personnages n’a jamais connu son pareil dans l’univers Batman à mon sens. Le chapelier fou est une monstruosité, le Joker n’a jamais été aussi malsain, la terreur insufflée par Croc, la déchéance épidermique de Gueule d’Argile, Pile-ou-face alors en pleine thérapie en est à se faire dessus devant son indécision et cætera et cætera. Concernant notre Batou, il subit les événements comme rarement cela a pu lui arriver, essayant tant bien que mal de garder les idées « claires » dans cette odieuse balade.



Le maître Dave McKean

Tableau après tableau, Dave McKean nous enfonce vers un sentiment de malaise de plus en plus intense. La grandeur de la folie de chacun des protagonistes est traduite par différentes techniques (peinture, collage, photo …), beaucoup de nuances de couleurs et un découpage disparate. L’action peut s’en retrouver figer mais elle fait ressortir l’horreur brut.

Arkham Asylum peut rebuter, la lecture n’est pas fluide, le lettrage n’est pas toujours lisible (lorsque le Joker parle). On s’arrête, on revient en arrière, on relit la page par peur de pas avoir respecté l’ordre des cases mais de tout cela ressort un drôle de sentiment. Le sentiment de lire une œuvre unique. Les pages ne se tournent pas frénétiquement, la conclusion de l’histoire importe peu mais le moment vécu à chaque page est une bénédiction.


Offrir à un héros reconnu comme Batman un récit aussi expérimental est un tour de force gigantesque de la part de Morrison et McKean. Dans l’industrie du comics maintream, Arkham Asylum n’a aucun égal à l’heure actuelle et devant la frilosité des éditeurs, il y a peu de chance pour que cela arrive prochainement.


« Ces adieux sont toujours si déchirants. Mais ne va pas dire qu’on ne t’a pas donné du bon temps. Amuse-toi bien, dehors … Dans l’asile. » Joker

A lire aussi :


- Dossier "Par où commencer Batman" par DcPlanet https://www.dcplanet.fr/96539-commencer-5-batman

- Les cauchemars dessinés de Dave McKean dans Tracks https://www.youtube.com/watch?v=TdkFpO1IoaA

- Fiches auteurs BDgest Grant Morrison et Dave McKean




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