Les vendeurs de rêves
La bande dessinée est souvent une source de rêverie, d’évasion. Suivre les aventures de ses personnages dans ces petites ou grandes cases. Avec des planches en forme de gaufrier ou avec une construction plus éclatée. Nous tournons allègrement les pages de notre livre pour suivre le chemin dans lequel le ou les auteurs nous ont embrigadés. Après en avoir lu des centaines et des centaines, le 9ème art ne semble plus avoir trop de secrets pour nous …
Et puis un jour, nous rencontrons Julius Corentin Acquefacques, le prisonnier des rêves. Drôle de nom me direz vous. Julius est le héros d’une série de 6 tomes. Je vous les recommande tous chaudement mais j’ai décidé de m’arrêter sur le premier tome : L’origine.
« L’humour a ses raisons que la raison ignore »
L’histoire commence par la vision d’un personnage semblant perdu dans un quadrillage blanc puis il tombe. Nous faisons la connaissance de notre héros tombant de son lit (clin d’œil à Little Nemo). Julius travaille au ministère de l’humour et comme chaque matin, il se lève pour se rendre à son travail. Comme chaque matin, après avoir déjeuner, il croise son voisin de pallier, celui-ci lui fait une blague en espérant avoir le droit que celle-ci puisse être soumis à la commission par Julius. Julius ne lésine pas avec cela, il a trop peur que l’on pense de lui qu’il soit corrompu. Julius est quelqu’un de sérieux.
Cependant, ce matin n’est pas un matin comme tous les autres. Julius reçoit une lettre spéciale. Dans celle-ci se trouve une planche dessinée et cette planche porte un titre : L’origine. Ce mot n’existe pas dans le monde de Julius. Julius est perplexe surtout que sur cette planche est retranscrit exactement ce qui lui est arrivé ce matin là. Julius va mener l’enquête, qui est l’auteur de cette planche et malgré la complexité que cela engendre : est-ce la blague du jour ?
Le récit au service de la créativité
L’exercice de présenter le travail de Marc-Antoine Mathieu n’est pas simple tant il est époustouflant. Epoustouflant de par sa créativité mais également par le sentiment qu’il nous fait ressentir devant l’étendu de son talent. C’est pourquoi je ne m’étendrais pas beaucoup sur ce qui vous attend à la lecture de L’origine. Marc-Antoine Mathieu ne brise pas les codes de la bande dessinée, il les sublime. Il n’est pas rare lors de la lecture de ce récit que je m’arrête quelques secondes pour profiter du sentiment qu’a provoqué l’utilisation du média BD par Mathieu. Concernant le dessin, entre noir profond et blanc immaculé, il sert parfaitement à la narration grâce à ce style épuré qui n’en rajoute pas face à une certaine complexité dans le propos. A cela se rajoute des idées scénaristiques brillantes comme par exemple des cages d’ascenseurs utilisées comme appartement à cause de la crise du logement.
Marc Antoine Matthieu nous offre une bande dessinée à part. A mes yeux tout amateur de bande dessinée devrait essayer au moins une fois de se plonger dans son travail. Et même si elle ne trouve pas grâce à vos yeux, cette lecture vous aura offert un moment unique. Marc-Antoine Mathieu aime la bande dessinée, dans son travail, il montre tout ce qui n’est pas transposable à la littérature ou au cinéma. Chacune de ses œuvres est une ode à son art et il est probablement l’un de ses plus grands serviteurs. Il ne me lira probablement jamais mais je le remercie pour ce qu’il nous offre en rendant un fier hommage à tout le 9ème art.
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